Anthony Burgess

est né le 25 février 1917 en Angleterre d'un père pianiste et d'une mère danseuse et chanteuse. Ayant perdu très tôt sa mère et sa soeur, victimes de la grippe espagnole, il du se résoudre à vivre avec une belle-mère qu'il n'aimait pas et un père rarement là.

Son premier amour a été la musique, il est d'ailleurs l'auteur de symphonies, de sonates et de concertos. Il s'est ensuite épris de linguistique et de littérature, avant de servir dans l'armée britanique de 1940 à 1946 d'abord comme simple soldat, puis comme officier instructeur. C'est en 1956 qu'il écrit une trilogie satirique sur le colonialisme, directement inspirée par sa vie en Malaisie. En 1959, sa vie bascule suite à un diagnostique de cancer du cerveau: il devient alors écrivain professionnel dans le soucis de subvenir aux besoins matériels de sa femme, et publie 5 romans en une année. Le diagnostique médical s'avère heureusement erroné mais Anthony Burgess est né et publiera des critiques littéraires, des essais, des aticles de presse ainsi qu'une vingtaine de romans.

Il est également le créateur  du langage préhistorique fictif pour le film" La guerre du feu", en 1981.

Il décedera le 25 novembre 1993 d'un cancer des poumons. Parmi ses oeuvres, citons "1984-1985" paru en 1978, "La folle semence" en 1962, "L'Orange mécanique" en 1962 (porté à l'écran par Stanley Kubrick en 1971), "Le testament de l'Orange" en 1975 et "La puissance des ténèbres" en 1981.

 

Le "héros" est un adolescent sans foi ni loi, qui vit encore chez ses parents et qui, entouré de sa bande d'amis, se plaît à semer le mal autour de lui...agressions, vols, viols, nous assistons dans ce roman à un véritable déferlement de violences en tout genre jusqu'à ce que notre héros soit condamné à suivre un traitement qui l'obligera à rejeter la violence, faisant de lui un homme privé de son libre-arbitre, de sa volonté, "lobotomisé", devenu la victime de ses anciens acolytes.

 

Saluons avant toute chose la prouesse linguistique de l'auteur qui a su inventer un langage propre au roman, propre aux adolescents et qui devient au fil du livre totalement compréhensible pour le lecteur. Nous sommes ainsi amener à entrer dans le monde de notre héros, à le comprendre, reflet du langage argotique ou du verlant que nous connaissons bien. Cette création d'un langage concourt à faire de "L'Orange mécanique" une oeuvre unique en son genre, une création sans pareille, un livre à part.

Quand à la violence des adolescents, qui surprend-t-elle encore? Comment ignorer les agressions quotidiennes commises par des bandes de jeunes à la dérive, ses actes de barbaries qui apparaissent dans les colonnes des faits divers ne diffèrent pas des scènes de tortures décrites dans ce livre. C'est une image de notre monde qui nous est ici livrer, ce n'est pas de la fiction, ce n'est pas imaginaire, ces actes ont lieu!

La réponse offerte par le roman est radicale, il faut contraindre le sujet à changer (on l'oblige à regarder des images violentes durant des heures, jusqu'à l'overdose, il ne peut fermer ses paupières, se dérober à ce spectacle). Le traitement fonctionne, le héros devient quelqu'un d'autre, un garçon allergique à la violence, qui ne peut plus céder à ses pulsions. Il n'est plus lui-même, on a violé son identité, sa personnalité...Pas de réponse éducative, pas de collaboration au changement possible, seule la force, la "torture" est efficace...de quoi s'interroger sur nos propres réponses offertes à la délinquence et aux carences éducatives de notre système.

Que l'on apprécie ou non le contenu ce roman, "L'orange mécanique" est si créative, si visionnaire (écrite en 62!) qu'il est impossible à mon sens de ne pas l'acclamer.